LES ZONES ÉROGÈNES
Les zones érogènes sont des parties de ton corps qui sont très sensibles : lorsque tu caresses ces zones, ou que ton ou ta partenaire les touche, tu peux ressentir une sensation de plaisir et/ou de l’excitation sexuelle. Il ne s’agit pas seulement de nos seins et de notre vulve. Notre peau, nos cheveux, nos oreilles, nos plantes de pieds… tout notre corps peut être source de plaisir ! Ces zones peuvent dépendre de nos humeurs, de nos envies, elles peuvent changer au fil des jours et de la vie. Les zones érogènes ne sont pas forcément les mêmes chez nous toutes. Tu es libre d’explorer tes propres zones, celles qui te font plaisir à toi ! Si tu le souhaites, tu peux découvrir des sensations de plaisir seule ou avec quelqu’un.e d’autre. Il n’y a pas que les caresses : les mots, les sons, le souffle sont autant des sources de plaisir.
1. Le clitoris, ton ami
Souvent mal connu, le clitoris est le seul organe du corps humain qui sert uniquement au plaisir. On dit que c’est un “organe érogène”. Le clitoris est un organe féminin fait uniquement pour notre plaisir, notre jouissance, notre excitation, notre détente, notre apaisement, notre bien-être !
Stimuler ton clitoris, c’est le remède miracle : tu te sens stressée ou tendue ? Tu as du mal à t’endormir ? Ou, au contraire, à te réveiller le matin ? Tu as mal au ventre à cause de tes règles ? Tu as mal à la tête ? Tu t'ennuies ? Tu as froid ? Tu es énervée ? Tu as une baisse de tension ? Tu as envie de passer un petit moment à toi ? Ton clitoris ne te laissera jamais tomber !
En fait, le clitoris est comme un iceberg : la plus grande partie n’est pas visible, car elle est à l’intérieur de notre corps. Tu ne peux voir que deux éléments : le gland du clitoris et le capuchon qui le protège.
On distingue les parties externes du clitoris : le gland du clitoris qui mesure environ 0,5 à 1 cm de diamètre et son capuchon, une fine peau protectrice qui recouvre le gland. Il y a aussi les parties internes du clitoris : deux “racines” appelées corps caverneux ou piliers du clitoris, qui mesurent environ 10 cm. Sous les piliers, il y a deux bulbes qui font 3 à 5 cm de longueur. Ils entourent le vagin et l’urètre.
2. Érection féminine
Es-tu au courant que le clitoris est l’organe le plus sensible de ton corps ? Rien que sur son gland, on compte au moins 8000 terminaisons nerveuses ! Voilà pourquoi le clitoris est extrêmement sensible. Pour information, le gland du pénis comporte environ 4000 terminaisons nerveuses.
De même, le clitoris est très vascularisé, c’est-à-dire qu’il comporte de nombreux vaisseaux sanguins permettant la circulation du sang. En cas d’excitation sexuelle, ces vaisseaux vont gorger le clitoris de sang, ce qui le fait gonfler. Ce mécanisme est finalement à l’origine de l'érection du clitoris. En ce sens, nous les filles, on “bande” aussi !
3. Le point G, ça existe ?
Non, le point G n’existe pas ! Tu as peut-être déjà entendu dire qu’on avait une zone précise dans le vagin qui donnerait un plaisir ultime, mais les recherches scientifiques à son sujet sont peu nombreuses et contradictoires. C’est une arnaque et un prétexte pour nous focaliser sur la pénétration vaginale. Pourquoi on se priverait de tous les plaisirs qu’on peut avoir grâce à nos zones érogènes, surtout avec le clitoris ?
La sexualité humaine est difficile à étudier en laboratoire, c'est pourquoi il existe très peu d'études fiables... et beaucoup d'idées fausses circulent encore.
Par exemple, de nombreuses études essaient de prouver qu'on peut avoir un orgasme vaginal. C'est ce qu'a voulu montrer dans les années 1950 un gynécologue en découvrant une zone dans la partie antérieure du vagin à proximité de l'urètre qu'il appela point G. Il émit l'hypothèse qu'elle pouvait déclencher l'orgasme féminin.
Depuis, ce point mystérieux fait l'objet de nouvelles études très contradictoires. Certains chercheurs pensent que le point G sont les glandes de Skene, d'autres qu'il se situerait à des endroits différents selon les femmes ou qu'il s'agirait de l'arrière de la racine du clitoris. Une recherche récente affirme que le point G existe en se basant sur la dissection du corps d'une seule femme. Bref, chaque étude cherche à prouver l'existence du point G sans y arriver. Sur 96 études menées sur le point G entre 1950 et 2011, l'urologue Amichal Kilchevsky montre qu'aucune n'a pu faire la preuve de sa présence. Certaines études portant sur un grand nombre de femmes ont apporté des résultats sérieux. C'est le cas des célèbres rapports Hite ou Masters and Johnson qui expliquent que le point G n'existe pas et que seul le clitoris permet d’atteindre l'orgasme.
Si le point G n'est qu’une légende, pourquoi certains en parlent encore ? C’est probablement pour faire passer le plaisir que les hommes trouvent dans la pénétration vaginale en priorité par rapport à celui des femmes. Maintenant que tu sais que de nombreuses zones érogènes sont source de plaisirs et de jouissances variés (en particulier le clitoris !), tu peux oublier le soit-disant point G et te concentrer sur elles !
4. L'excision
Le clitoris est un organe incroyable : il n'a pas d'autre fonction que de nous donner du plaisir, et il le fait très bien ! Mais il fait peur... En effet, dans les sociétés patriarcales comme celle dans laquelle nous vivons, c'est le plaisir masculin qui prime. Le plaisir féminin est mis au second plan. De nombreuses religions considèrent d’ailleurs que rechercher le plaisir sexuel féminin est un péché. Alors le clitoris, cet organe dédié au plaisir sexuel, est très mal vu…
Par conséquent, le clitoris a longtemps été tabou. Jusqu'aux années 1970, on en parlait très peu, et quand on en parlait, c'était pour nier son rôle dans la sexualité. Par exemple, au début du XXe siècle, Freud expliquait que les femmes recherchant le plaisir par le clitoris étaient immatures. Selon lui, le véritable plaisir sexuel devait passer par le coït, c'est-à-dire la pénétration du vagin par un pénis. Cette vision n'a aucun fondement scientifique, mais elle a eu beaucoup d'influence ! Aujourd'hui encore, le clitoris reste mal connu de beaucoup de filles et de femmes.
Au XIXe siècle, la masturbation était rigoureusement réprouvée en France. Pour empêcher la masturbation féminine, certains médecins commencèrent à pratiquer l'excision (La fabuleuse histoire du clitoris, J. C. Piquard, 2013). Cela consiste à découper la partie externe du clitoris, voire une partie des petites lèvres, les grandes lèvres peuvent être aussi cousues ensemble. Cette mutilation sexuelle, généralement pratiquée sur de très jeunes filles, prive les femmes de toute une partie de leur sexualité. Elle génère des douleurs insupportables et est très dangereuse pour la santé (infections, problèmes urinaires, traumatismes, saignements pouvant entraîner la mort, difficultés lors de l'accouchement...).
Le savais-tu ? Il n'y a pas d'âge pour prendre du plaisir avec soi-même. Des études ont prouvé que même les foetus découvrent leur corps en se caressant dans le ventre de leur mère! Découvrir son corps est donc naturel et instinctif.